SAGA : « Personnages protestants qui ont marqué le Dauphiné » !
Tous les 1er et 15 de chaque mois, découvrez un épisode !
Épisode 15
VINCENT Isabeau (1671-1688)
Fille d’un protestant ayant abjuré avant la Révocation, orpheline de mère, Isabeau Vincent est placée comme bergère chez son oncle à Saoû, entre Bourdeaux et Crest.
Le 3 février 1688, Isabeau Vincent, âgée de quinze ans, appelle à la repentance, annonce le pardon de Dieu et la délivrance prochaine. Elle exhorte à la foi en Jésus-Christ seul, dans la ligne de la foi protestante qui est la sienne. Ses paroles évoquent également les abus du clergé, critique le culte des saints, la doctrine catholique de la communion sous une forme qui rappelle l’enseignement pastoral et se coule dans un langage biblique.
L’historienne MARIANNE CARBONNIER-BURKARD décrit ainsi sa manière de procéder : « illettrée et patoisante elle prêche en dormant, parlant bon français » et attire pendant plusieurs mois, en 1688, une foule subjuguée ».
Un avocat, GERLAN, recueille précisément ses paroles, et les transmet, dans une lettre du 14 juin 1688, au Refuge à Amsterdam, où elles sont imprimées avant de revenir en France. Elles circulent ensuite sous forme manuscrite, recopiées, dans les familles protestantes.
Finalement arrêtée le 8 juin 1688, elle est longuement interrogée à Crest puis emprisonnée dans la tour, sa trace se perd après son enfermement dans un couvent de Grenoble.
La bergère de Saoû devient un emblème du mouvement des Petits Prophètes.
Ce prophétisme populaire se développé dans le Dauphiné, le Vivarais et les Cévennes, à la suite de la révocation de l’édit de Nantes qui interdit le culte protestant en 1685.
Son exemple nourri une veine prophétique ultérieure en Dauphiné d’abord, où de jeunes gens, de l’âge d’Isabeau Vincent, souvent illettrés et d’origine modeste, expriment leur résistance spirituelle face aux persécutions dont ils sont victimes. Le mouvement gagne ensuite l’Ardèche en janvier 1689.
Les petits prophètes du Dauphiné annoncent généralement :
- la délivrance des persécutions et le rétablissement du protestantisme en France ;
- le besoin de repentance et de retour à la vraie foi, condition du point précédent ;
- diverses catastrophes annonçant le retour du Christ.
Le mouvement initié par Isabeau Vincent s’étend considérablement dès 1688. En février 1689, l’intendant de la province, BOUCHUT, instruit à Valence le procès de 80 jeunes inculpés dont 33 sont condamnés à mort et 12 effectivement pendus tandis que les autres sont placés dans des institutions religieuses.
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Gilbert JOSS, Secrétaire Général du Musée